Goliath était le meilleur des cuistots
Ou un prétentieux sans égal~e
Son baratin était si gros
Que ça n’pouvait faire aucun mal
À la seule auberge décente
D’la bourgade de Jamais-Plus-Soif
Il faisait sourire tout l’village
Avec sa bonne bouffe et ses farces
Mais malgré toute sa bonhomie
Peu de gens l’connaissaient vraiment
Pas même toutes ces jolie filles
Qui l’visitaient de temps en temps
Quand l’une d’elle en tomba enceinte
Un mariage fit taire les rumeurs~
Mais leur histoire ne dura point
Et se termina dans les pleurs
Car au bout de neuf mois pénible
La belle s’enfuit en courant
Laissant derrière elle un coeur vide
Et deux jeunes garnements
La taverne devint moins rentable
Sans la bonne humeur du grand homme
À croire que des jumeaux en larmes
Ça pogne moins qu’un chanteur de pomme
Alors que son maigre salaire
Commençait à inquiéter l’père
Une généreuse voyageuse
Paya une chambre pour tout l’hiver
L’aventureuse nommée Bergère
Conta en feignant l’embarras
Que du bout du monde d’où elle vient
On s’habille moins parce qu’y neige pas
Je cherche donc pour un moment
Un coin de pays où m’abriter
Lui avoua-elle en souriant
Voire un lit pour me réchauffer
Quand elle le suivit dans son bain
Et posa son corps sur le sien
Goliath fut prit au dépourvu~
Comparée au filles de la Comté
Cette halfling était toute menue
Et avait peu de poil sur sa peau nue
Lui qui avait toujours été
Du genre à prendre les devants
Ne sut pas comment résister
À ce p’tit bout d’femme surprenant
En seulement quelques semaines
Elle chassa son chagrin sans peine
Et attira quelques voyeurs
Aux tables de la taverne
Et quand même ses marmots tombèrent
Sous le charme de l’étrangère
L’aubergiste n’eut pas de mal à croire
Qu’il en ferait une bonne mère
Une fois revenu le beau temps
Il n’eut pas besoin d’arguments
La belle au ventre bedonnant
Attendait déjà un enfant
C’est par un doux matin d’été
Qu’elle lui donna un troisième ange
Dont les traits pas si familiers
Firent ricaner les mauvaises langues
Mais Goliath ne s’en faisait guère
Il se considérait chanceux
Qu’Bergère ait fait de lui le père
Et soigné son coeur malheureux
Car après tout notre vraie famille
C’est les gens qui sont là pour nous
Pas les pleutres qui au moindre obstacle
Prennent leurs jambes à leur coup